Mission #1 d'Ayame Kaguya - Rang B

***Jeudi soir. Ayame arrivait dans le grand archipel du Pays de l'Eau pour sa première mission. L'île principale se trouvait à l'est du monde, entourée d'autres plus petites. Elle n'aimait pas beaucoup le pays. En vérité elle n'aimait pas l'eau. Elle ne lui servait qu'à se laver et à boire. Elle arrêtait ses coups, et là était son contentieux avec elle. Même si elle s'était entraînée à frapper l'onde de ses os et bien qu'elle arrivât à se débrouiller mieux que dans sa plus antérieure jeunesse, elle continuait à ralentir ses mouvements.

***Or, si l'eau n'était pas l'alliée de la jeune femme, cette dernière aimait l'océan. Il symbolisait pour elle toute la force et toute la puissance du monde. Le pouvoir inouï de l'incontrôlable. Le pouvoir tout court. Et la beauté des vagues, des ondulations de la mer... L'élégance à l'état pure, l'image même du seul héritage encore intact qui avait été laissé aux hommes par la Nature. Si elle avait pu choisir son élément, Ayame eût choisi l'eau. Mais il en fut autrement décidé et c'est du feu qu'elle fut la maîtresse.

***Or donc Ayame arriva au Pays de l'Eau, dans le village caché de Kirigakure. Elle avait été chargée de découvrir des informations à propos du jinchuuriki du pays, et Ayame, bien qu'elle ne sût pas pourquoi telle information était désirée de l'Akatsuki, avait acceptée cette mission, ayant fait serment d'allégeance à l'Organisation encore bien mystérieuse pour elle, et jurant de ce fait de la servir jusqu'au bout.

*Je dois découvrir qui est le type qui renferme Sanbi. Pour cela, il faudrait déjà que j'arrive à pénétrer dans le village sans me faire remarquer...*

***"Discrétion" était son mot favori, et c'était celui qui lui correspondait le mieux, avant même "vengeance", et de ce terme dépendait la réussite de sa mission. Aussi allait-elle devoir faire disparaître toute preuve de son séjour après son expédition.

***Ayame se trouvait à portée des portes du Village Caché de la Brume. Celles-ci étaient gardées par deux hommes, comme dans presque tous les villages cachés du monde, et Ayame pensa qu'il n'était guère sage de se montrer à leur vue. Aussi choisit-elle de prendre la voix de la discrétion.

KASUMI ENBU NO JUTSU

***Un épais brouillard s'abattit alors sur toute l'aire de l'entrée du village. Ayame s'engagea en son travers. Elle entendit les soldats se parler...

Eh bah, quel temps... Tu as vu comme ça nous est tombé dessus d'un coup ?

Ah oui... Ce serait presque louche...

***Ayame se demanda s'ils avaient senti sa présence et s'ils n'allaient pas tirer le signal d'alarme. Mais elle se rassura en les entendant éclater d'un rire puissant et trempé d'idiotie.

***Elle avança donc, pénétrant dans le village rempli de brume, où quelques passants se promenaient, hommes et femmes silencieux sous leur airs innocents. Ayame n'aimait pas les gens. Elle ne les détestait pas non plus. Les gens étaient les gens, des figurants dans le monde où elle vivait, des personnes qui n'allaient pas vous adresser la parole, mais qui, si vous leur posiez des questions, vous répondraient ainsi qu'elles le pourraient. Bref, les gens lui importaient peu. Elle avait une mission à remplir, et elle comptait bien s'y mettre.

***Elle commença immédiatement à récolter quelques informations.

***Elle entra alors dans un bar.

*Le genre d'endroit où l'on trouve toujours un petit pigeon pour se satisfaire l'appétit...*

***Elle s'assit à une table, retira son chapeau, commanda un thé, puis attendit.

***Longtemps elle écouta, tendant l'oreille à la moindre phrase qui était prononcée par l'un des soûlards du bar. Après plus de deux heures et demie, un homme se mit à hurler sur l'un de ses "alcolites" :

Dit 'spèce de crétin... tu veux que j'te... que j'te... tu veux tâter d'mon poing ?!

N'y prêtez pas attention, il est saoul...

***Ayame ne sursauta pas, mais un homme se trouvait assis à côté d'elle et venait de lui parler. Elle prit sa tasse entre ses mains, sans tourner le regard vers lui et la fixa.

Saoul ou pas, il est toujours bon d'écouter ce qui se passe autour de soi et de s'y intéresser...

***Elle but une gorgée de son thé froid qui la dégoûta profondément. S'il y avait bien une chose qu'elle détestait au monde, c'était le thé froid. Elle le reposa et le touilla machinalement avec un bâton d'un blanc laiteux. L'homme lui dit :

Vous avez raison. Il faut ouvrir son esprit à ce qui se trame autour de soi.

***Puis il l'observa. Elle ne rejoignit pas son regard. Il ajouta :

Et vous vous intéressez à ce qu'il a dit ?

Je ne sais pas... Pensez-vous que je m'y intéresse ?

Je ne sais pas, fit-il. Mais je sais que vous n'êtes pas d'ici, et je sais aussi que vous n'aviez pas de petit bâton blanc lorsque l'on vous a servit votre thé...

***Cette remarque étonna Ayame. Elle se demanda si cet homme était simplement observateur ou s'il avait remarqué quelque chose d'étrange chez son bâton blanchâtre.

Bien, il est vrai que les paroles de cet homme ne m'intéressent guère. Pouvez-vous me renseigner sur quelque information d'utilité ? lui demanda-t-elle.

Pas ici... lui fit-il. Les ivrognes ont des oreilles, et les gens sobres les ont encore plus aiguisées. Suivez-moi.

***Il se levèrent. Ayame paya sa tasse de thé. Elle plaça son chapeau sur sa tête, puis elle mit le petit bâton blanc dans sa paume où il disparut.

***

***Le mystérieux homme emmena Ayame dans une rue reculée du village, loin du bar. Elle l'avait suivi de la manière la plus paisible qui soit, sans opposer la moindre résistance ni exprimer la moindre désapprobation. Le trajet s'était donc fait dans le silence le plus complet.

***Kiri était un village très petit comparé à certains autres villages cachés que Ayame avait visités, tels que Konoha, Suna ou encore Ame qu'elle connaissait depuis peu tel qu'il l'était à présent du moins. Les bâtiments n'étaient pas particulièrement grands. A vrai dire, l'architecture y était relativement proche de celle de Konoha. Rien à voir avec les gratte-ciel de Ame qui s'élevaient avec un air menaçant ; non, Kiri était tout ce qu'il y avait de plus charmant : aux balcons, les gens faisaient pousser des fleurs aux belles couleurs, les bâtiments étaient propres... Enfin... seulement dans le centre ville.

***Mais lorsque Ayame et son guide s'en éloignèrent, elle remarqua vite que la pauvreté et la précarité sévissaient au grand jour, sans se cacher. Certaines rues étaient remplies de détritus de toute sorte, des gangs se cachaient dans les ténèbres des caniveaux, et une odeur putride et nauséabonde flottait dans l'air, impossible à estomper.

***Ayame ne fut pas sensible à cette misère. Elle était totalement centrée sur ce que cet homme allait lui dire. Cela dit, elle continuait de surveiller ses arrières en lançant des regards de sous son chapeau.

Nous approchons de chez moi... fit l'étrange personnage.

***Ayame le suivit alors dans une ruelle escarpée particulièrement sombre. Ayame regarda partout puis s'arrêta. L'homme lui dit :

Que se passe-t-il ?

***Avant qu'elle ne répondit, trois hommes leur sautèrent dessus.

HESSEDAN NO HONE

***Ayame leva un bras en l'air et agita sa main. Les trois hommes furent morts avant même d'avoir touché terre, un os logé en chacun de leurs crânes.

Ouf... fit l'homme. C'était moins une...

***Il produisit un son nerveux qui se voulait sans doute un rire.

Peut-être devrions-nous nous dépêcher de nous rendre chez vous... fit Ayame d'une voix grave.

***Ils repartirent donc sans dire un mot de plus. Ils arrivèrent à la maison du personnage en tournant dans la rue suivante.

***Ils entrèrent dans un couloir où ils retirèrent leurs chaussures et où Ayame ôta son chapeau et déposa son manteau noir et rouge sur un porte manteau. Puis l'homme la mena jusqu'à un salon. Là, ils s'assirent.

***Il lui offrit un thé, chaud celui-ci, et ils commencèrent à discuter.

***Elle apprit qu'il se nommait Ochiyo Karuyan. Il était un jeune chuunin du village. Il lui posa beaucoup de questions sur elle : d'où elle venait, où elle avait appris à se battre, et surtout il l'interrogea sur l'étrange jutsu qu'elle avait employé pour se défendre quelques minutes auparavant. Ayame ne répondit à aucune de ses questions. Elle attendit paisiblement qu'il les eût toutes posées pour lui demander :

Savez-vous quelque chose à propos du jinchuuriki de Mizu no Kuni ?

***L'homme s'étonna et se leva d'un coup. Ayame but une tasse de thé sans lever le regard sur lui.

Quelle est donc cette question ? Que voulez-vous à notre bijuu ?

***Ayame ne cilla pas. Elle reposa sa tasse de thé et croisa les jambes. Elle décida de jouer carte sur table :

Je m'appelle Ayame Kaguya. Je suis membre d'une organisation nommée Akatsuki. Je sais que vous en avez entendu parler et je sais que vous la savez malsaine. Ou du moins est-ce l'assentiment que l'on vous a communiqué. En ce qui me concerne, l'Akatsuki est la meilleure chose qui soit. Aussi espéré-je que vous me portiez main forte dans la réalisation de ma mission, et par exstension, dans celle de notre oeuvre.

***Ayame était très sérieuse. Son ton catégorique. S'il refusait et qu'il appelait de l'aide, elle allait devoir le faire taire, et sans doute trouver une nouvelle source.

Je n'escompte en rien vous tuer, Ochiyo-san.

Je ne me laisserais pas faire. Je suis un serviteur de Kirigakure, et je défendrai cette arme que vous convoitez coûte que coûte !

***Ayame sentit dans sa voix qu'il était sincère et qu'il ne parlerai pas de lui même.

Très bien... Je vais devoir employer la force.

***Ayame se leva. C'est alors que deux autres chuunin brisèrent la vitre des deux fenêtres du salon et se placèrent devant leur compagnon.

Oh...fit Ayame. Vous avez des amis alors...

Ne t'en fais pas Ochiyo on va t'aider, fit un des deux ninjas qui était d'ailleurs une fille. On vous a suivis depuis ce bar. Je t'avais dit de faire attention. Ca t'apprendras à parler à des inconnus.

Je suis d'ailleurs la dernière inconnue à qui vous aurez parlé, Ochiyo-san, lança Ayame. A moins que l'un de vous ne se décide à parler ?

***Ochiyo se lança alors sur elle avec une épée qu'il avait tirée de son fourreau en l'air. Ayame tendit le bras en l'air à temps.

KARAMATSU NO MAÏ

***L'épée s'abbatit sur l'os du bras bras replié d'Ayame qui avait jaillit de sa peau juste avant. Ayame enchaîna sans attendre, tandis que la jeune fille et le troisième sautaient sur elle, une épée chacun à la main également :

YANAGI NO MAÏ

***Des os tranchants percèrent les genous, les paumes et les coudes d'Ayame, qui effectua ensuite une rotation sur son pied droit et frappa à une vitesse folle les deux assaillants. Les deux furent envoyés au tapis en une demie-seconde, et allèrent s'écraser contre le mur. Ayame garda ses os hors de son corps et se retourna vers un Ochiyo effrayé.

Katsuyu !! Nii-san !!

Ton amie et ton frère n'ont pas l'air d'aller très bien...

***Elle tendit deux de ses doigts en direction des deux chuunin.

Que penses-tu que je devrais faire ? Les tuer ? Ou peut-être que tu préfères me dire tout à propos de Sanbi ?

Jamais !! hurla le jeune homme.

Tu es sûr ? fit Ayame.

HESSENDAN NO HONE

***Une balle blafarde alla alors se loger dans le crâne de la jeune fille. Ochiyo hurla :

NON !!! Pitié ! Ne tuez pas mon frère... Sanbi... le nom de son jinchuuriki, c'est Kiyoshi Matsuka... Je ne sais pas où il vit, mais il s'entraîne souvent dans l'île de l'extrême Sud-Est. Il s'agit du démon à trois queues. Il est gigantesque lorsqu'il est entier, et il est très laid, semblable à une énorme tortue à ce qu'on dit. Mais honnêtement, je ne l'ai vu qu'en de très rares occasions, et toujours dans son état humain. Pitié, laissez nous, mon frère et moi... s'il vous plaît, Ayame-sama...

***Tandis que le jeune chuunin rampait jusqu'à son frère, Ayame demeurait pensive :

*Il doit être très fort et bien contrôler son bijuu. Kiyoshi Matsuka... Sur l'île de l'extrême Sud-Est. Une tortue ?*

***L'idée amusait Ayame qui s'attendait plutôt à un requin ou une créature des abysses.

*Je suis déçue... Bien, en tout cas j'ai tout ce que je pouvais espérer de lui. Dans ce cas...*

***Elle s'approcha des deux frères et s'arrêta, debout, face à eux. Ochiyo qui tenait son frère entre ses bras leva un regard embué de larmes et n'eut pas même le temps de hurler.

HESSENDAN NO HONE

***Et deux os vinrent se loger dans le crâne de l'hôte de Ayame, juste au-dessus de l'expression effrayée qui animait son visage ensanglanté, et dans celui de son bienheureux frère, déjà inconscient.

***Ayame réincarna ses os externes. Ses vêtements troués de partout précipitèrent son affliction la plus totale.

*Il va falloir te constituer une tenue adéquate ma petite Ayame...*

***Et, décidée à s'en occuper en rentrant chez elle, Ayame retourna tranquillement dans le couloir. Elle mit ses chaussures et s'enveloppa de son manteau. Enfin elle replaça son chapeau sur sa tête puis ouvrit la porte d'entrée pour sortir.

Spoiler:

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