Habitation d'Ayame Kaguya

Ayame pénétra dans une pièce sombre. Un petit homme encapuchonné lui dit :

Voici votre habitation. Vous y trouverez tout ce qui peut vous être nécessaire. Faites en ce que vous voulez, de toute manière, vous n'y passerez pas beaucoup de votre temps.

Ayame l'écouta avec attention. Elle ignorait qui il était, mais elle ne savait que penser de lui. Sa voix ne semblait pas mauvaise, mais son allure n'était guère engageante.

Si vous avez besoin de quoi que ce soit, continua-t-il, appelez-moi. Mais je ne pense pas que cela arrivera pendant votre séjour. Le dernier locataire ne m'avait rien demandé en tout cas.

Il se retourna et se dirigea vers la porte d'entrée pour sortir. Il lui lança alors :

Ah et votre patron vous fera quérir dans la soirée. Alors ne quittez pas cet endroit.

Et il disparut.

Ayame amplifia alors la lumière lugubre qui émanait des deux bougies accrochées à gauche et à droite de la porte. Une fois pleinement entourée de lumière, Ayame comprit qu'elle se trouvait dans un couloir profond. Aussi s'y engagea-t-elle. A gauche comme à droite subsistait un mur sans ouverture ni décoration. Un mur entièrement nu qui tentait de cacher sa nudité par une texture granulée grisâtre, peut-être originaire de quelque poussière amassée après des années de non-entretien. En revanche, au grand étonnement de Ayame, nulle toile d'araignée, nul petit visiteur indésirable ne semblait se présenter à son regard passif.

Ayame finit par croiser un escalier de bois qu'elle décida de grimper.

***

Elle accéda alors à un palier après avoir grimpé une centaine de marches. A ce palier, une porte une seule. Elle était vitrée de six carreaux teintés de poussière épaisse et collante. Ayame tourna la poignée et fit pivoter la porte dans un grincement sournois. Elle se trouvait alors dans une chambre de bonne taille.

*Décidément, c'est un vrai mode de vie cette poussière...* pensa-t-elle passivement. Je vais avoir du travail...*

Contre un mur de la chambre, il y avait un lit d'ébène à baldaquin aux rideaux rouges. Ayame s'assit sur une chaise placée devant une fenêtre du mur face à elle. Elle passa sa main sur la vitre couverte, elle aussi, de poussière.

*Pour ne pas changer...* se dit-elle.

Dehors elle voyait se paysage de hauts bâtiments, grandes formes d'un sombre métallique. Leur allure menaçante ne faisait aucun effet sur Ayame, mais secrètement, elle choisissait de s'en méfier. Cet endroit ne lui disait rien qui valût.

*Mais je dois le faire...*

Je dois le faire, se répéta-t-elle pour s'en convaincre. Je dois le faire...

Et elle leva son regard vers le ciel vaporeux qui recouvrait tout Ame.

Ayame, dès le matin du lendemain du jour où elle était arrivée, avait entamé un grand nettoyage de printemps. Malgré tout le travail qu'il y avait eu à faire, et tout ce qu'il restait encore, elle s'était attelée à sa tâche avec docilité mêlée de plaisir. Elle avait commencé par sa chambre. Grande fut son oeuvre car grande était la pièce et épaisse la couche de crasse sur les parois. Douze heures. Douze heures il lui fallut pour redonner aux murs, au plafond et au sol leur couleur d'origine.

*Douze heures... J'ai bien droit à une petite pause...*

Ayame s'octroya donc un petit quart-d'heure de bien être. Près de la fenêtre, elle avait installé un vieux fauteuil rongé par les mites et abîmé par le temps. Elle s'y assit et se sentit plonger dans un monde de mousse textile extrèmement moelleuse.

*Bon... ça aussi il faudra le changer...*

Elle tenta de se lever, mais le fauteuil s'était tant affaissé qu'elle ne le put. Ayame ressentait tout à coup le voyage d'une semaine, la très courte nuit de sommeil et les douze heures de récurrage de la pièce lui tomber sur les bras; et, sans prévenir et sans cérémonie, le sommeil s'empara d'elle.

***

Ayame était dans la forêt de Takigakure. Tandis qu'elle sautait de branche en branche, elle tendait l'oreille en arrière.

*Il me rattrappent...*

Ayame, arrivant dans une clairière, se cacha en sa bordure derrière un grand chêne. Elle attendit une demi-minute, jusqu'à ce que ses poursuivants arrivèrent dans la clairière. Ils étaient trois, vêtus de robes longues noires avec des motifs rouges qu'elle ne pouvait voir de loin. Elle les observait dans l'ombre de la forêt. Puis l'un d'eux dit avec une voix plus passive qu'elle n'en avait encore entendu :

Nous savons que vous êtes là, Kaguya Ayame-san.

*Comment connaissent-ils mon nom ?* s'inquiéta-t-elle, affabulée.

Et, se sachant découverte, Ayame décida de se montrer aux yeux de ces hommes qui se tenaient au centre de la circonférence.
Elle avait préparé son corps à toute forme d'offensive, au cas où. Et elle avait bien fait. L'un des trois personnages lui avait envoyé une flèche électrifiée. Ayame releva sa manche.

KARAMATSU NO MAI !!

Elle leva alors son bras à hauteur de sa tête et l'impact s'effectua avec un bruit sourd et sec contre un os d'une blancheur pure qui émanait de lui. La flèche tomba à terre et l'électricité cessa de la parcourir. Ayame rabessa son bras. L'os s'y replaça doucement. L'homme qui avait lancé la flèche fit :

C'est donc bien elle, la soeur de Kimimaro...

Oui... répondit le second.

Le troisième ne pipa mot, et à en juger par le regard passif qu'il lui jetait, c'était sans nul doute celui qui avait parlé avant qu'elle ne se montrât.
Ayame s'adressa donc à lui :

Je ne vous connais pas... Qui êtes-vous ?

*Ces hommes ne sont pas commodes... Ils savent mon nom, connaissent l'existence de Kimimaro et notre relation...*

Ayame était troublée. Depuis trois ans, jamais elle n'avait parlé à personne, et pour la première fois depuis lors, on venait de prononcer le nom de son frère devant elle. Il lui semblait inouï que ce fut la seconde fois à suivre que de parfaits inconnus le fissent. Aussi demanda-t-elle au ninja au regard passif :

D'où connaissez l'existence de Kimimaro ?

Maintenant qu'elle se trouvait plus près d'eux, elle pouvait observer ces motifs rouges avec plus d'attention : c'étaient des nuages rouges brodés bordés de blanc.

*Qu'est-ce que c'est que ça ?*

L'homme qui avait tiré la flèche lança alors :

Sa non-existence en fait. Il est mort.

Le ton était mesquin. La réaction immédiate.

HESSENDAN NO HONE !!

Cinq phalanges partirent à une vitesse fulgurante des extrémités de chaque doigts en direction du diffamateur. Mais avant que ce dernier n'eût le temps de prendre des mesures défensives, le ninja passif plaça sa main devant lui et les trois billes de nacre semblèrent frapper un mur invisible. Ayame n'en fut pas étonnée, car elle savait parfaitement qu'une attaque niveau Genin n'aurait eu aucun effet contre eux , cela dit, cet homme à l'air neutre avait arrêté l'offensive sans ne rien faire, ou du moins fut-ce ce que Ayame avait crû interprêter comme tel.

Evite de mettre un Kaguya en colère contre toi, sempai, fit celui-ci à son compagnon puis ajouta à l'intention d'Ayame : Quant à vous, sachez que nous sommes ici pour être vos alliés, à défaut d'être vos amis.

Ayame ne réagit. Elle avait très bien écouté cette réplique.

*Il connait mon clan... En a-t-il déjà rencontré d'autres ? Et puis, être mes alliés ? Pensent-ils que j'aie besoin d'aide ? Dans ce cas, ils se trompent amèrement. D'ailleurs, comment pourraient-ils savoir quel est mon dessein ? A moins que ce ne soit l'inverse, que ce ne soit eux qui aient besoin de moi... Ce seul mot, "amis", était de trop. Ils ne me proposent pas d'aide : ils m'en demandent...*

Aussi lança-t-elle, toujours au même personnage :

Vous n'avez pas répondu à ma question : qui êtes-vous ?

Nous sommes trois Nokunin, comme vous, faisant partie d'une organisation internationnale, l'Akatsuki, et elle requiert vos services.

Ayame, ainsi qu'elle en avait l'usage, ne répondit rien et ne laissa apparaître aucune expression sur son visage, poussant le shinobi à continuer :

Nous connaissons les capacités de votre clan et le potentiel de Kimimaro. Aussi notre maître considère-t-il que le vôtre pourrait-être utile à notre association ; votre maîtrise du Shikotsu Myaku semble être au point, et votre visage respire une intelligence pure et un désir de vengeance macabre qui ne laissent pas indifférent le chef.

*Cet homme sait beaucoup de choses sur moi. Mais il ne serait donc pas le chef de ces deux là ? Il est pourtant fort ; qu'en est-il de ce chef dont il me parle ? Et comment sait-il à quoi je ressemble et de quoi je suis capable ?*

Qui est ce maître ? Et quel est donc le but de votre Akatsuki ? l'interrogea-t-elle avec toute la courtoisie.

Pour ce qui est de mon maître, il n'y a pas lieu pour le moment de vous en parler plus amplement. Sachez simplement qu'il est puissant, et que le monde n'a pas de meilleur shinobi en sa surface. Ensuite, le but de notre organisation, je ne le connais pas moi-même. En revanche, vous pourrez, si vous nous aidez, employer vos capacités de la meilleure manière qu'il puisse vous être demandé, et ce à leur maximum. Alors, qu'en pensez-vous ?

Il observa Ayame avec son même regard apathique. Celle-ci continua de le fixer, le visage parcouru de cette même non-expression neutre. Il ajouta alors :

Oh et j'oubliais... l'Akatsuki réclame la mort d'Orochimaru.

Soudain la neutralité du visage d'Ayame passa à la rage, après un instant de trouble. Le nom résonnait dans sa tête à présent abaissée.

*******orochimaru*******orochimaru*******orochimaru*******orochimaru*******orochimaru*******orochimaru*******orochimaru*******orochimaru*******orochimaru*******orochimaru*******orochimaru*******
********Orochimaru********orochimaru********Orochimaru********Orochimaru********orochimaru********Orochimaru********orochimaru********Orochimaru********orochimaru*******
**Orochimaru******Orochimaru******Orochimaru******Orochimaru********Orochimaru********Orochimaru*******Orochimaru**
***OROCHImaru**********OROCHImaru*****OROchimARU*****orochiMARU**********orochiMARU***
OROCHIMARU******OROCHIMARU******OROCHIMARU******OROCHIMARU******OROCHIMARU
***OROCHIMARU*****OROCHIMARU*****OROCHIMARU******OROCHIMARU***
***************OROCHIMARU***************

*Mort... pour Orochimaru.*

Elle redressa la tête et dit :

Je ne puis vous répondre. J'y songerai.

Elle vit les paupières de l'homme passif se plisser subrepticement, mais ce n'est pas lui qui lui répondit, mais le troisième homme, celui qui n'avait encore rien dit :

Nous ne voulons pas d'une réponse précipitée. Notre quartier général est posté en Amegakure. L'habitation qui vous a été réservée se trouve dans le plus haut immeuble, au dernier étage. Vous avez une semaine.

Les trois hommes se retournèrent et sautèrent vers l'arbre le plus proche. Ils s'arrêtèrent sur une branche. L'homme qui venait de parler répéta :

Une semaine, Kaguya. Une semaine.

Et ils s'enfoncèrent dans les ténèbres sylvestres.

***

Ayame se réveilla d'un coup, mais pas dans un sursaut. Elle ne sursautait jamais. Rien ne l'étonnait plus tant elle avait vu de choses. Elle repensa à ces trois hommes qu'elle avait rencontrés. Elle se souvenait surtout de celui au visage passif, et elle se dit qu'elle ne devait pas être la seule à être particulière dans cette organisation.

*Akatsuki... qu'es-tu exactement ?*

Après avoir cogité une poignée de secondes, enfoncée dans ce siège miteux, elle se releva et se dit :

*On verra bien, Ayame. Débarrassons-nous de ce fauteuil.*

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